Congrès extraordinaire de l’USFP: Yazghi contre-attaque
· Appel à mettre en place une «charte nationale contre le terrorisme»
· Les socialistes prônent l’abolition de la peine de mort
· La Koutla prépare un mémorandum sur la réforme constitutionnelle
L’UNION socialiste des forces populaires (USFP) a tenu, vendredi 10 novembre, son congrès extraordinaire. Une formalité dont l’unique objet, souligné par son premier secrétaire, est de se mettre en conformité avec la loi sur les partis. Une journée a suffi pour s’en acquitter. Les signatures des congressistes, les photocopies de leur CIN parviendront dans les jours qui suivent avec les statuts d’organisation du parti aux autorités compétentes, conformément aux nouvelles modalités juridiques.
Néanmoins, le congrès extraordinaire (le deuxième dans la vie de l’USFP depuis celui de 1975) constitue un événement. Les journalistes et photographes, y compris ceux de la presse étrangère, se sont bousculés pour en immortaliser les images. Les chefs des autres partis ont été également nombreux à répondre présents à l’invitation qui leur avait été lancée. Ils en ont eu pour leur argent. Mohamed El Yazghi a multiplié les déclarations et prises de positions.
L’USFP se prononce officiellement en faveur de l’abolition de la peine de mort. Dans la foulée, elle se dresse contre le jugement de peine capitale prononcé à l’encontre de Saddam Hussein. Les esprits chagrins diront que la première déclaration n’est que justification de la seconde.
· Bémol sur le PJD
Le patron du parti socialiste prône également la mise en place d’une «charte nationale contre le terrorisme». Il en profite pour rectifier le tir à la suite de ses déclarations antérieures visant le Parti de la justice et du développement (PJD). Dans une précédente réunion du comité central de l’USFP, El Yazghi avait qualifié le parti de Saâdeddine El Othmani de formation alimentant l’extrémisme. «Notre initiative ne vise pas une partie précise», souligne aujourd’hui le chef de file des socialistes. Il affirme que le Maroc est une cible du terrorisme et invite de fait tous les partis à se mobiliser dans la lutte contre ce fléau. «C’est un acte de fidélité à la Nation», affirme-t-il.
Le premier secrétaire annonce par la même occasion la sortie prochaine d’un mémorandum commun aux partis de la Koutla au sujet de la réforme constitutionnelle. «Toute hésitation ou retard ne pourra qu’entraver la marche démocratique», déclare-t-il.
Mais le gros morceau de ce discours fleuve, annoncé dans l’enceinte du théâtre national Mohammed-V à Rabat, est une sorte de contre-attaque à laquelle se livre le premier secrétaire de l’USFP à l‘encontre de ses détracteurs et ses ennemis politiques.
L’objet central de ce règlement de comptes concerne le projet de code électoral soumis à l’examen du Parlement. Non, il n’y aurait à l’USFP aucune «volonté d’exclusion» à l’égard de qui que ce soit. Mais plutôt, dit-il, celle d’une «réhabilitation» et d’une «recomposition utile» du champ politique. Référence est faite à la position de l’USFP vis-à-vis des petites formations de la gauche radicale. Certains parmi ces derniers, par ailleurs anciens militants du parti de la rose, n’avaient pas hésité à charger leurs anciens collègues, les accusant de vouloir imposer des règles d’exclusion face à des concurrents potentiels.
Le parti de la rose ne veut visiblement plus du rôle de méchant qu’on lui fait endosser dans cette affaire.
El Yazghi, qui rappelle leur engagement aux autres parties de la coalition gouvernementale au sujet des dispositions contenues dans le projet de loi électorale, ferme la porte à toute négociation sur le sujet. Il n’y aurait de place pour celle-ci qu’au sein du Parlement. L’USFP campe-t-elle sur sa position? Tient-elle à sauver la face? «Nous sommes prêts au dialogue dans le cadre de la transparence», souligne El Yazghi. Est-ce un assouplissement de position? Pas certain. Le suspens ne pourra durer éternellement. L’examen du projet commence aujourd’hui au sein de la commission de l’Intérieur. Les amendements vont pleuvoir. Ils concerneront les seuils imposés à la fois pour l’accès au scrutin et au Parlement. Qu’elle attitude le gouvernement leur opposera-t-il? C’est la question qui se pose. La pression est, par ailleurs, forte de la part des partis politiques non représentés au Parlement et de la société civile. Un sit-in est en préparation pour le 17 novembre.
«NOUS attendons une intervention royale imminente dans le dossier de Mehdi Ben Barka pour mettre fin au calvaire de sa famille. Un calvaire qui dure depuis 41 ans». Est-ce une requête que formule le premier secrétaire de l’USFP ou est-ce l’annonce d’un dénouement imminent de l’affaire de la disparition de l’ancien militant nationaliste qui est ainsi faite?
La déclaration de Mohamed El Yazghi ne passe pas inaperçue. Aucun chef du parti socialiste ne s’était avancé de la sorte sur ce sujet.
UN réquisitoire contre les médias: c’est ce à quoi se livre le premier secrétaire de l’USFP dans son discours officiel. Ces derniers sont accusés de colporter des «rumeurs» sur le parti. Certains médias feraient même, selon lui, dans «la médisance» et «l’acharnement».
El Yazghi décoche ses flèches, particulièrement en direction des médias publics audiovisuels, qualifiés de «vieux remparts contre les vents de la démocratie».
Soufflant le chaud et le froid, il salue le «professionnalisme de certaines tribunes indépendantes». Mais il ne cite personne. Il appelle l’ensemble des journalistes à puiser les informations à la source. «L’USFP est ouverte sur la presse», dit-il.
Khadija Ridouane