Le Maroc ne doit pas rester à la marge du mouvement international orienté vers l¹abrogation de la peine capitale des législations pénales dans le monde. Sept ONG de défense des droits humains comptent lancer une campagne de sensibilisation et de pression de grande envergure, pour concrétiser ce noble objectif.
L¹Association marocaine de défense des droits de l¹Homme (AMDH), l¹Organisation marocaine des droits de l¹Homme (OMDH), le Forum marocain pour la vérité et justice (FMJV), le Centre pour les droits des gens (CDG), l¹Observatoire marocain pour les prisons (OMP), l¹Association des barreaux d¹avocats du Maroc, et la Section marocaine de Amnesty International ont organisé, vendredi dernier au club des avocats de Rabat, une réunion préparatoire de cette campagne à laquelle de nombreuses associations et personnalités ont été conviées.
Ratifier le 2e protocole facultatif
D¹abord, c¹était une occasion de réaffirmer l¹urgence pour le Maroc d¹abroger la peine capitale de sa législation pénale civile et militaire qui souffre d¹un excès en matière de crimes pouvant être condamnés par une peine capitale dont le nombre s¹élève à 866 crimes.
Notre pays dont la constitution qui reconnaît les droits de l¹homme, doit donc, se conformer à la législation internationale en matière des droits politiques et civiques en ratifiant le 2e protocole facultatif annexe relatif à l¹abrogation de la sentence capitale. Il est appelé à adhérer à l¹ensemble de pays qui se sont effectivement plié à cette exigence. Leur nombre se chiffre 134 pays dont 11 pays en Afrique, y compris Djibouti, seul pays membre de la Ligue arabe ayant pris cette mesure en 1995.
Selon maître Mohamed Saih, avocat du barreau de Rabat, le quartier «A» de la prison centrale de Kenitra compte, jusqu¹à fin décembre de l¹année écoulée, 149 condamnés à mort qui vivent une horreur quotidienne et sont privés de droits accordés aux autres détenus comme le droit à poursuivre des études ou une formation professionnelleŠ Et pour s¹enquérir de cette situation, le secrétariat du Comité de coordination pour l¹abrogation de la peine de mort avait adressé une demande de visite au ministre de la justice, mais qui reste sans suite.
Pas d¹humanité sans vie
«Il n¹y a pas d¹humanité sans vie» crie maître Abderrahim Berrada, présent à la rencontre, appelant à déployer tous les efforts pour réussir la campagne et concrétiser cette «grande ambition» d¹abroger cette peine maximaliste.
«Il faut déclarer que les détenus condamnés à mort sont dans une situation inhumaine, difficile, et appeler à leur accorder tous les droits octroyés aux autres détenus», insiste le bâtonnier Abderrahim Jamaii.
Mohamed Grine, membre du Bureau politique du PPS, a réitéré le soutien inconditionnel de son parti à cette campagne, alors que Abdelhamid Amine, président de l¹AMDH, considère que «le moment est propice pour revendiquer l¹abrogation de la peine de mort, vu que l¹instance équité et réconciliation est en cours de préparation de son rapport final qui doit recommander cette abrogationŠ»
Quant au bâtonnier Abderrahmane Ben Amour, il a insisté sur «la dénonciation des articles du code pénal relatifs à la peine de mort et de se préoccuper de la mobilisation populaire pendant cette campagne...»
Au cours de la rencontre, les participants ont émis nombre de propositions pour enrichir le plan d¹action qui sera mis en ¦uvre lors de la campagne, comme le démarrage d¹une campagne de communication et de sensibilisation, l¹exercice d¹actions de lobbying auprès du parlement, l¹élargissement du réseau associatif adhérant à cette cause.
Le secrétariat permanent poursuivra ses efforts pour s¹enquérir de la situation des détenus concernés et oeuvrera pour l¹amélioration de leurs conditions de détention, à l¹instar des autres détenus, dans l¹attente de l¹obtention d¹une grâce de la peine capitale.
Au cours de la campagne, une pétition à signature sera adressée aux associations, aux partis politiques, à des personnalités de divers horizons. Outre l¹appel à geler l¹exécution de la peine de mort dans l¹attente de sa commutation en d¹autres peines, les signataires revendiquent la promulgation d¹une grâce totale au profit des condamnés à mort et la commutation de leurs peines non privatives de la vie. Ils appellent également à la promulgation d¹une loi abrogeant la peine capitale de toutes les législations.
Les autorités du pays sont aussi appelées à ratifier le second protocole facultatif annexe au traité international relatif aux droits politiques et civiques qui abroge la peine de mort.
Le secrétariat permanent devra tenir une réunion, mercredi 23 mars 2005, pour finaliser le plan d¹action de la campagne nationale de lutte contre la peine capitale.
M.Z