Si le Maroc ne pratique plus la peine de mort depuis 1993 (tout en continuant à prononcer des condamnations), il n'hésite pas extrader vers des pays qui eux la pratiquent sans vergogne, à coup de sabre.
Ainsi, Alcaly Cissé, ancien député sénégalais poursuivi pour escroquerie sur plus de 2,5 milliards de francs CFA, puis relaxé par la justice sénégalaise il y a quatre ans, a été extradé jeudi 8 mai 2014 du Maroc vers l’Arabie Saoudite.
Pour Me Assane Dioma Ndiaye, le président de la Ligue sénégalaise des droits humains, « en Arabie Saoudite, les crimes financiers sont des crimes qui sont punis comme dans la charia. C'est soit l'amputation, soit la décapitation. Il y a des risques réels [...]. Les craintes sont fondées. »
Amnesty International, la Ligue sénégalaise des droits de l’homme et la Rencontre africaine des droits de l’homme dénoncent le fait que l’ancien parlementaire soit jugé une seconde fois pour un même fait. Elles craignent que ce citoyen soit exécuté ou victime d’actes de tortures s’il est condamné par la justice saoudienne.
Tout est parti d’une plainte pour escroquerie déposée au milieu des années 2000 par un homme d’affaire saoudien contre Alcaly Cissé. Alcaly Cissé était alors député et militant du Parti démocratique sénégalais, avant d'être déchu de son immunité parlementaire pour faciliter l’action judiciaire.
En 2008, la justice sénégalaise le reconnaît coupable d’escroquerie et le condamne à deux ans de prison. Mais l’ancien député fait appel. En 2010, la 3e chambre d’accusation du tribunal de Dakar le relaxe.
L’Arabie saoudite lance malgré tout un mandat d’arrêt contre l’ancien député, finalement arrêté à l’aéroport de Casablanca en septembre 2012. Alcaly Cissé passe alors 17 mois en prison avant d’être finalement extradé en Arabie Saoudite. L’ex-parlementaire devrait de nouveau être jugé pour escroquerie par un tribunal saoudien.