Depuis quelques années, le débat sur la nécessité d’annuler la peine de mort est devenu présent sur la scène politique et dans les milieux associatifs. L’AMDH (Association marocaine des droits humains, notamment) a posé le problème dans les années 90.
Et voilà qu’un collectif de parlementaires mené par deux femmes, Khadija Rouissi, du PAM et Nouzha Skalli du PPS, vient de soumettre au débat parlementaire une proposition de loi pour abolir la peine capitale.
« Nous n’avons certes pas de certitude quant à l’issue de notre initiative, mais c’est déjà un premier pas pour inciter le pouvoir législatif à se pencher sur cette question. Maintenant, est-ce qu’on va parvenir à inscrire cela à l’ordre du jour du parlement, cela dépend des autres groupes parlementaires et leur volonté ou non d’aller de l’avant. N’empêche que de toutes les manières, il faut bien que tout le monde soit conscient de la nécessité d’ouvrir officiellement le débat afin de se conformer au plus vite aux conventions internationales en la matière », explique à Menara.ma Khadija Rouissi.
« Peine inhumaine »
Ironie du sort, le lancement de l’initiative des parlementaires intervient au moment où la cour d’appel d’Agadir a prononcé une condamnation à mort contre un individu ayant commis un crime abject contre une fillette dans la région du Souss. Une condamnation qui a poussé le collectif marocain pour l’abolition de la peine de mort à sortir un communiqué où tout en soulignant son indignation quant aux faits reprochés au condamné, relève que « la peine capitale est, et reste inhumaine ».
Pour le coordinateur du collectif, Me Abderrahim Jamai cette condamnation va à l’encontre des engagements de notre pays. « Au moment où l’on s’attendait à des décisions pour aller dans le sens d’abolir cette peine, le verdict de la cour d’appel d’Agadir nous renvoie en arrière. Je dis bien que la personne condamnée à Agadir a commis un acte indéfendable sur une fillette, avec la famille de laquelle je compatis sincèrement. C’est l’occasion pour nous tous de se pencher sur le sujet et élaborer une nouvelle façon de punir ce genre de crimes », ajoute-t-il.
Quant à Abdelaziz Aftati, député PJD, il souligne que « la peine capitale est édictée par la religion, le texte sacré du Coran est là pour le prouver. Ceux qui veulent l’abolir doivent avoir cela en tête. En plus, comment punir des gens qui commettent des crimes comme celui d’Agadir ? »