Le Maroc ne doit pas rester à la marge du mouvement international orienté vers l'abrogation de la peine capitale des législations pénales dans le monde. Les autorités du pays sont appelées à décider l'abrogation de la peine capitale et emprunter la voie de pays ayant souscrit à une justice pénale totalement conforme aux principes des droits de l'Homme.
En agissant de la sorte, elles seront à l'écoute du mouvement de défense des droits humains regroupés au sein de la coalition nationale contre la peine de mort qui défend le droit à la vie et à la dignité humaine.
A l'occasion de la quatrième journée mondiale qui coïncide avec le 10 octobre de chaque année, démarre un nouveau programme de mobilisation, englobant nombreuses activités, à commencer par l'organisation d'un sit in devant le siège du parlement ce mardi soir.
Initiée par la Coalition mondiale contre la peine de mort depuis 2003, la journée mondiale contre la peine de mort est centrée cette année sur les erreurs de la justice.
Ces actions constituent l'occasion pour la Coalition marocaine pour réaffirmer l'urgence pour notre pays d'abroger la peine capitale de sa législation pénale civile et militaire qui souffre d'un excès en matière de crimes pouvant être condamnés par une peine capitale dont le nombre s'élève à 866 crimes.
Selon la coalition, le pays, dont la constitution reconnaît les droits de l'homme, doit donc se conformer à la législation internationale en matière des droits politiques et civiques en ratifiant le 2e protocole facultatif de l¹annexe relative à l'abrogation de la sentence capitale. Il est appelé à rejoindre l'ensemble des pays qui se sont effectivement pliés à cette exigence. Leur nombre se chiffre à 136 pays dont 11 pays en Afrique, y compris Djibouti, seul pays membre de la Ligue arabe ayant pris cette mesure en 1995.
Les prisons marocaines comptent aujourd'hui 129 condamnés à mort, dont 5 femmes, qui vivent un calvaire quotidien et sont privés de droits accordés aux autres détenus comme le droit à poursuivre des études ou une formation professionnelle. Et pour s'enquérir de cette situation, la coalition multiplie ses démarches pour assurer des visites régulières au «couloir de la mort».
Pour les défenseurs des droits de l'homme, la peine de mort constitue une atteinte grave à l'un des droits fondamentaux des droits de l'Homme, en l'occurrence le droit à la vie sans lequel les autres droits de l'Homme n'ont aucune signification. Nombreuses conventions et traités internationaux consacrent ce droit fondamental.
Pour abroger la peine privative de la vie, une dynamique mondiale a été enclenchée ces dernières années par les organisations de défense des droits humains, et dont les fruits sont aujourd'hui tangibles, et mesurés par la croissance du nombre de pays qui ont banni la peine capitale de leur législation.
Outre la ratification du protocole relatif à la peine de mort, les pouvoirs publics sont sommés également d'adhérer au statut de la Cour pénale internationale (CPI) qui consacre le droit à la vie même dans le cas de crimes les plus graves tels que ceux perpétrés contre l'humanité, surtout que les recommandations finales de l'Instance Equité et Réconciliation les invitent à harmoniser la législation locale avec les traités et conventions en matière de droits de l'homme.
Le mouvement de défense des droits de l'homme s'attendent aussi à ce que les promesses tenues par le ministre de la Justice à ce propos soient concrétisées, comme les recommandations du dernier colloque tenu à Meknès plaidant pour la mise en place d'une nouvelle politique pénale privilégiant la rééducation et la réinsertion au lieu du châtiment.
Constitué depuis octobre 2003, le réseau associatif passe à la vitesse supérieure en déclenchant cette campagne pour l'abrogation de la peine de mort dans notre pays. Ce réseau est composé de l'Organisation marocaine des droits de l¹Homme (OMDH), l¹Association marocaine de défense des droits de l¹Homme (AMDH), Amnesty International section Maroc, l¹observatoire marocain des prisons (OMP), forum marocain pour vérité et justice (FMVJ), association marocaine des barreaux d¹avocat et le centre marocain des droits des gens.
Mustapha Znaidi