Madrid - Le 5-ème Congrès mondial contre la peine de mort s'est ouvert, mercredi après-midi à Madrid avec la participation de plus de 1500 experts de plus de 90 pays dont une importante délégation du Maroc.
La cérémonie d'ouverture de ce congrès, organisé par l'Association française "Ensemble contre la peine de mort" (ECPM), en collaboration avec la Coalition mondiale contre la peine de mort, s'est déroulée en présence du ministre espagnol des affaires étrangères et de la coopération José Manuel Garcia-Margallo, de son homologue français, Laurent Fabius, et des représentants des gouvernements norvégien et suisse.
L'inauguration a été marquée par la lecture d'un message du secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-Moon et la projection d'une intervention du secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Abdou Diouf.
Ban Ki-Moon a appelé dans son message les participants au Congrès à continuer à lutter pour l'abolition de la peine de mort et a déploré le manque de transparence quant aux exécutions effectuées dans de nombreux pays.
Dans son allocution, le ministre espagnol des Affaires étrangères et de la Coopération a souligné que l'"Espagne est un ardent défenseur de l'abolition de la peine de mort", notant que la peine capitale "aggrave les problèmes au lieu de chercher à les résoudre". M. Margallo a rappelé que "si aujourd'hui les deux tiers des pays ont aboli la peine de mort ou ont mis en place des moratoires, il existe encore 58 Etats qui appliquaient cette peine".
Pour sa part, le ministre français a souligné que l'abolition universelle de la peine de mort est "l'un des principaux objectifs de son gouvernement", rappelant que son pays a chargé ses ambassades d'organiser des séances d'information sur l'abolition de la peine de mort.
A signaler qu'une délégation marocaine composée de quelque 40 membres, dont des parlementaires et des représentants de diverses ONG, prend part à ce congrès, qui se poursuivra jusqu'à samedi.
Participent à ce congrès plusieurs personnalités et plus 1.500 experts, juristes et politiques, en provenance de plus de 90 pays des cinq continents, ainsi que des acteurs de la société civile et des représentants des gouvernements et des organisations internationales ainsi que des figures connues pour leur action en faveur de la suppression de la peine de mort, à l'instar du prix Nobel de la paix, Shirin Ebadi, et l'ancien garde des Sceaux Robert Badinter, qui a contribué à abolir la peine de mort en France en 1981. La FIDH et 12 de ses organisations membres du Bangladesh, d'Indonésie, d'Iran, du Japon, du Pakistan, de Taiwan, de Thaïlande, des Etats-Unis, du Maroc, du Botswana, du Sénégal et d'Espagne participent également à ce 5ème congrès.
Organisé à l'initiative du Gouvernement espagnol et sous le patronage des gouvernements norvégien, suisse et français, le congrès, qui se tient tous les trois ans dans un pays attaché à l'abolition de la peine de mort, a pour but de réunir les "abolitionnistes" du monde entier, de dresser un bilan sur l'état de la peine capitale dans le monde et de débattre des meilleurs moyens pour l'abolir.
Le congrès sera marqué par la tenue de plusieurs sessions plénières, ateliers et tables rondes portant sur les thèmes: "Quels arguments en faveur de l'abolition d'un point de vue sociologique, religieux et juridique ?", "Les conséquences du terrorisme sur les stratégies abolitionniste" , "L'utilisation de la peine de mort et les conséquences des exécutions publiques sur la population", "Quels sont les outils existants et quel partage envisager pour les améliorer afin que le plus grand nombre puisse en bénéficier ?" et "Comment réconcilier les stratégies juridiques et diplomatiques pour optimiser leur complémentarité ?".
Le programme prévoit également des témoignages des ex-condamnés à mort et des proches des condamnés à mort sur leur vécu, leur souffrance et leur engagement en faveur de l'abolition universelle.
Une marche contre la peine de mort sera organisée également le 15 juin à midi dans le centre de la capitale espagnole.
Les précédentes éditions des Congrès mondiaux contre la peine de mort ont eu lieu à Strasbourg (France, 2001), Montréal (2004), Paris (2007) et Genève (2010).
Au jour d'aujourd'hui, 97 Etats ont aboli la peine de mort pour tous les crimes. Huit autres l'ont aboli pour les seuls crimes de droit commun, alors que 35 Etats respectent un moratoire sur les exécutions depuis au moins dix ans. En 2013, il reste 57 Etats où la peine de mort est toujours appliquée.