Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Derniers chiffres officiels

113 condamnés à mort attendent leur exécution dans les "couloirs de la mort" au Maroc (2014)
En 2012, 6 peines de mort ont été prononcées au Maroc et 10 en 2013.

Une situation en totale contradiction avec :

  • - les engagements pris par le Maroc avec les instances de droits de l'Homme,
  • - les recommandations de l'Instance Equité et Réconciliation (IER)
  • - la nouvelle constitution qui se réfère au droit à la vie et au droit international.

Rechercher

Nouvelle constitution marocaine

EXTRAITS

Article 20 : “ Le droit à la vie est le droit premier de tout être humain. La loi protège ce droi t”.

Article 22 : “ Il ne peut être porté atteinte à l’intégrité physique ou morale de quiconque, en quelque circonstance que ce soit et par quelque personne que ce soit, privée ou publique. (...) ”

Abolition !

Le Maroc sera-t-il le second pays arabe (après Djibouti) à abolir la peine de mort? Le royaume pratique depuis 1993 (date de la dernière exécution) un moratoire de fait.
Le débat
est lancé. Juristes, syndicats et partis politiques sont interpellés. Les associations plus que jamais mobilisées.
Le Maroc renforcera-t-il encore son image de pays soucieux des droits de l'homme en abolissant définitivement la peine de mort ?
liste des articles -

ACTU

L'Afrique en marche vers l'abolition. Le Burundi et le Togo abolissent. Le Kenya commue toutes les condamnations à mort (4000). Le Gabon a définitivement aboli la peine de mort (loi votée en février 2011), suivi du Bénin (en août 2011).

Ailleurs : Les élus du Sénat et de la Chambre des représentants du Maryland (Est des Etats-Unis) devraient voter dans les prochains jours une proposition de loi visant à abolir la peine de mort(fév/mars 2013) 

En Tunisie, bien qu'ayant signé le 20 décembre 2012, avec 109 autres Etats, le moratoire des Nations Unies sur l'application de la peine de mort, la Tunisie continue à condamner à mort. En février 2013, le 12 fév 2013, la chambre criminel de la cour d'appel de Sousse condamnait le tueur en série Kamel Lahouel.

En Algérie, la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDDH) reçoit en nov. 2011 le feu vert de la présidence de la République pour entamer un programme national devant aboutir à l'abolition de la peine de mort dans la législation algérienne. Mais pourquoi cette proposition de référendum ?
Au Maroc, le mouvement du 20 février demande l'application des recommandations de l'IER dont l'abolition de la peine de mort. Un Collectif d'ONG appelait en mai 2011 le gouvernement à adopter l'abolition de la peine de mort et à l'inscrire dans la constitution. La Coalition mondiale contre la peine de mort a tenu son assemblée générale du 24 au 26 juin 2011 à Rabat.Le texte intégral de la réforme de la constitution proposée.
Art. 20 : "Le droit à la vie est le droit premier de tout être humain. La loi protège ce droit".
 

- Le Réseau des parlementaires abolitionnistes ont annoncé officiellement, le 4/04/13 lors d'une rencontre avec Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères, leur participation au 5ème Congrès mondial contre la peine de mort  organisé par ECPM à Madrid du 12 au 15 juin 2013.  

Mai 2014 : Les détenus franco-marocains emprisonnés au Maroc ne sont plus transférés en France en raison de la suspension des accords de coopération judiciaires entre les deux pays. Ils envisagent de recourir à la grève de la faim pour être entendus. Parmi eux, plusieurs se disent victimes de tortures. Le Maroc semble craindre pleuvoir les plaintes pour torture, après l'affaire des plaintes contre le chef de la DGST Abdellatif Hammouchi

- La peine de mort en 2012 : la carte du monde

1 mars 2006 3 01 /03 /mars /2006 14:18

Séances de tabassage, suspensions (tayara), insultes, les inculpés du vol du palais royal de Marrakech racontent toute l'horreur vécue dans le commissariat de Jamaâ Lfna.

L'affaire du vol du palais royal de Marrakech n'a pas fini de livrer ses secrets. Si la justice a remis son verdict en décembre dernier en condamnant les accusés à différentes peines de prison, les familles des inculpés, quant à elles, sont décidées à exposer leurs doléances.
Du courage, il en fallait pour ces familles, en majorité démunies, soumises à toutes formes d'intimidation. Du courage et beaucoup de conviction.

Après avoir été sauvagement torturés pendant plusieurs jours au commissariat de Jemaâ Lfna, les inculpés, devenus coupables aux yeux de la loi, s'estiment doublement lésés.
Ils exigent que leurs tortionnaires soient poursuivis et leur dignité restaurée.

Les témoignages de ces employés de "Dar Al Makhzen" qui, en majorité, ont intégré la demeure du roi à un âge précoce, sont accablants. Entre le 22 août dernier, date d'incarcération du principal inculpé jusqu'à la comparution des accusés devant le juge d'instruction le 5 septembre, le commissariat de Jamaâ Lfna a été un espace de torture d'une extrême violence.

"Un derb Moulay Cherif des temps modernes" comme le qualifie My Ahmed, le frère de My Driss Snineh qui a écopé de trois ans ferme.
Et c'est la Brigade spéciale de la Police judiciaire, dépêchée spécialement de Rabat pour mener l'enquête avec la complicité des agents locaux, qui a été derrière ce scandale.
Les récits de ceux qui sont passés par ce commissariat dévoilent une police criminelle bafouant les principes élémentaires des droits de l'Homme.

Excès de zèle et sévices

L'affaire du vol du palais royal de Marrakech débute par une lettre envoyée le 22 août dernier au conservateur André Germain par le lieutenant-colonel Taleb Mehdi, officier intendant du palais royal.
Dans cette missive, M. Taleb fait état de la disparition de matériel dans un magasin du palais.
Il s'agirait d'objets de valeur, de meubles, de verres, de carafes en cristal, de couverts de porcelaine et d'argenterie. Il ajoutera que « comme il a été signalé plusieurs fois, l'auteur présumé n'était autre que M. Driss Snineh ».
Il demandera alors au conservateur de « procéder à sa relève immédiate ». En effet, l'intendant a adressé à plusieurs reprises des requêtes pour écarter son adjoint qu'il jugera tour à tour comme « incontrôlable », « ne méritant pas la confiance » et « désobéissant ».
Cette lettre sera transmise par le conservateur aux services de police qui procéderont immédiatement à l'enquête. « Je me rappelle encore de cette triste journée du lundi 22 août.
Vers le coup de 13h00, cinq policiers en civil pénétrent à l'intérieur de la maison. Ils procèdent à une fouille minutieuse, confisquent des verres ordinaires puis emmènent mon frère avec eux. Ils nous assurent qu'il sera de retour la journée même. Ce qui va s'avérer faux », raconte, la mine sombre, My Abdellatif, la quarantaine, frère de l'inculpé et habitant encore dans la demeure de ses parents.
My Driss ne sera de retour que trois jours plus tard, dans un état lamentable. « Il n'avait plus son dentier et avait des traces au niveau des poignets et des genoux. Il avait l'air très inquiet et demandait des nouvelles de ses frères et de ses enfants.
Plus tard, on allait apprendre que les policiers avaient bidoullé des sons, avec nos voix dessus, en train de subir des tortures », ajoute son autre frère My Ahmed. Une horrible torture psychologique… Mais sa libération sera de courte durée. Deux jours plus tard, il est de nouveau incarcéré pour subir les sévices des policiers.
D'ailleurs, il ne sera pas le seul. Hartit Mohamed, la cinquantaine passée, ne parvient pas encore à oublier ces longues journées de torture, dans ce qu'il nomme maintenant le commissariat-boucherie de Jamaâ Lfna.
Ce père de six enfants, chauffeur de son état, a passé plus de 24 ans à Dar Al Makhzen. « Les policiers n'y sont pas allés de main morte. Dès que j'ai nié tout rapport avec les faits que l'on me reprochait, j'ai subi les pires des tortures. A mon arrivée, d'autres collègues étaient déjà incarcérés dont le principal inculpé, My Driss Snineh.
Je l'ai trouvé totalement nu, allongé par terre et dans un état déplorable. A première vue, je ne l'ai pas du tout reconnu. Il était l'objet des exactions les plus extrêmes : on le maintenait suspendu de 15h00 jusqu'à 5h00 du matin », raconte-t-il, les larmes aux yeux. Interrogé sur les différentes techniques de torture, le quinquagénaire se montre exhaustif.
Ses propos donnent froid dans le dos : « On m'a suspendu par les mains et les genoux, les mains et les pieds ligotés.
Les yeux bandés, je ne pouvais même pas reconnaître celui qui me frappait et m'injuriait. Il y a aussi la torture par le biais de l'eau : on te bouche le nez puis on commence à déverser de grandes quantités d'eau dans la bouche. J'avais l'impression que j'allais y passer. Ils déversaient sur nous de l'eau de javel. Et l'on passait la nuit par terre, sur des flaques d'eau et sans couvertures.
Ils nous couvraient plutôt d'insultes. On n'avait aucun contact avec nos familles qui étaient interdites de visite.
Et cela dura du 27 août au 5 septembre. Le jour où l'on nous rédigea les rapports ».

Un nouveau Derb Moulay Cherif ?

A tous ces employés, on demandait « d'enfoncer » My Driss Snineh. Condition sine qua non pour échapper à la torture.
« Personnellement, les policiers m'ont demandé de témoigner contre My Driss pour bénéficier de la liberté. Chose que j'ai refusée puisque je n'ai jamais rien constaté de malhonnête chez cet homme. Je ne pouvais pas faire un faux témoignage », ajoute M. Hartit.
Les mêmes propos sont partagés par Cheguraoui Abdelaziz.
Agé de 56 ans et père de trois enfants, il a travaillé à Dar Al Makhzen depuis 1982 comme responsable des chauffeurs.
Le 29 août, il a été sommé de venir au commissariat en compagnie de neuf autres chauffeurs. « L'interrogateur en chef, Abdelaziz Izzou, m'a demandé de lui dire tout ce qui se passait à l'intérieur du palais.
Je lui ai expliqué que je n'étais pas en mesure de savoir ce qui se passait à l'intérieur des magasins. Il m'a répondu que je devais dire la vérité sinon j'allais prendre une raclée. Il répétait qu'il était là pour en finir avec nous. Et qu'il se foutait de nos vies. Il a ensuite demandé à un de ses subordonnés de procéder à une séance de suspension », se rappelle-t-il. Son histoire dans ce commissariat de la honte, il la raconte la voix tremblante.
« Ils m'ont emmené dans un bureau. Le parterre était inondé d'eau. J'avais une peur bleue et je me demandais bien ce que le sort me réservait. Quatre agents m'ont sommé de m'asseoir.
On m'a bandé les yeux et ligoté les mains. Puis on m'a suspendu entre deux tables. On commençait alors à me faire ingurgiter de l'eau.

Je pensais que j'allais mourir. Je me démenais de toutes mes forces. C'était peine perdue.
Ceci a été le lot quotidien de tous ceux qui ont été détenus dans le cadre de cette affaire. Ils nous torturaient chaque jour et à tour de rôle. Et ce jusqu'à cinq heures du matin. Une troupe de gnaoua était stationnée derrière le commissariat.
Ils jouaient sans arrêt jusqu'à deux heures du matin pour que personne de l'extérieur ne soupçonne ce qui se passait.
Pour ce qui est de Hassan Zoubaïri qui a trouvé la mort dans le commissariat, je l'ai aperçu une seule fois, tout trempé d'eau. Nous avons tous subi ce genre de sévices.
On aurait pu subir le même sort que Hassan ». Hassan Zoubaïri est mort à l'intérieur du commissariat de police de Jamaâ Lfna le 3 septembre. Curieusement, le rapport d'expertise médicale conclura à "un décès en rapport avec un tableau d'asphyxique sans signes extérieurs de violence".

Le Roi interpellé…

Dahi Abderahmane, 54 ans, père de deux enfants, 23 ans de service dans le cadre de l'entraide nationale avec un salaire de 1400 DH/mois, a, lui, été interpellé le 26 du mois d'août. « Pendant les cinq jours que j'ai passés au commissariat, ma femme et mes enfants ne savaient rien de moi. Sur place, l'enquêteur m'a demandé directement d'impliquer My Driss. Chose que j'ai refusée car je n'avais rien à raconter là-dessus.
Ils se sont montrés insistants, à coups de poing et d'insultes. Ils ont menacé de me faire subir des sévices, beaucoup plus qu'ils n'en ont infligé à My Driss.
J'ai juré que je ne savais rien du tout. Ils m'ont mis à l'écart, mais j'étais témoin de la torture qu'ils faisaient subir aux autres. A la fin, ils m'ont contraint à signer le P.V sans que je prenne connaissance de son contenu », raconte-t-il, difficilement. Parmi les personnes entendues par la police figurent le conservateur et l'officier intendant.
M. Germain ne s'est pas aventuré à indiquer les employés coupables de ces vols. Quant au colonel Talbi, il va soupçonner M. Snineh sans apporter de preuves palpables.
Dans son rapport final, le commissaire de la police régionale indiquera « la position négative et l'absence totale de tout contrôle de la part de Mehdi Talbi ». Avant d'ajouter : « le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il a failli à ses obligations ».
Les P.V rédigés, les accusés vont comparaître devant le juge d'instruction le 5 septembre.
Ils sont par la suite transférés à la prison en attendant le procès. « En prison, les larmes ne m'ont pas quitté. Car il s'agit d'une injustice flagrante. Et je ne suis pas le seul.
Tous les camarades étaient dans l'effondrement total devant cette "hogra". Ce que je demande, c'est que le roi soit au courant de l'injustice que nous avons subie.

C'est le seul moyen pour faire éclater la vérité au grand jour », insiste M. Cheguraoui

Une plainte contre les tortionnaires

Les sentences tombent le 21 décembre dernier.
Un procès que les victimes et leurs familles jugent totalement arbitraire. « Au cours du procès, le juge a interpellé le colonel Talbi sur les motivations de sa plainte.
Il a répondu que c'est parce que My Driss ne le respectait pas et qu'il n'avait plus d'autorité sur lui.
Quant au vol, objet de sa plainte, l'officier de matériel n'a, à aucun moment, affirmé avoir vu le magasinier dérober des marchandises des dépôts.
Mieux encore, les objets saisis lors des perquisitions se limitent à une table, un petit chauffage électrique, une lampe de chevet, des objets insignifiants qui n'ont pas été du tout pris du palais. Et c'est sous l'effet de la torture que mon frère leur a indiqué ces objets pour avoir un instant de répit. Quand on l'a interpellé là-dessus, il nous a dit que dans ces conditions inhumaines, il était prêt à leur dire que même la maison des parents, il l'avait volée au palais », ironise My Ahmed, frère du principal inculpé.

Pour ces ex-employés du palais royal qui n'ont jamais eu auparavant de démêlés avec la justice, la vie s'est arrêtée le jour où ils ont mis le pied dans le commissariat de Jamaâ Lfna. Sans ressources, ils vivent dans la précarité. Eux et leurs enfants.
Même le mouton qu'ils reçoivent traditionnellement le jour de l'Aïd leur a été refusé cette année.
La famille de Snineh a déposé une plainte auprès du procureur de la Cour d'appel pour que les policiers qui ont mené l'enquête du vol du palais soient entendus et poursuivis pour torture et atteinte à l'intégrité corporelle de leur parent.
Et pour que la vérité éclate au grand jour.

Hicham Houdaïfa

Partager cet article
Repost0
17 février 2006 5 17 /02 /février /2006 00:00

Le ministre de la Justice a supervisé en personne le dossier des tortures contre les islamistes détenus dans la prison civile d'Outita II, près de Sidi Kacem. L’affaire prend une tournure judiciaire.


Les conditions d'incarcération des islamistes détenus dans la prison civile d'Outita II , située près de Sidi Kacem, se sont nettement améliorées, depuis que le ministre de la Justice, Mohamed Bouzoubaâ, a ordonné l'ouverture d'une enquête détaillée au sujet d'éventuels cas de tortures. En effet, plusieurs détenus avaient affirmé avoir fait l'objet de tortures de la part des gardiens de la prison. Sans compter l'irrespect de la direction des plus simples conditions de détention, notamment en ce qui concerne les visites familiales, les sorties quotidiennes et la qualité de la nourriture.

, située près de Sidi Kacem, se sont nettement améliorées, depuis que le ministre de la Justice, Mohamed Bouzoubaâ, a ordonné l'ouverture d'une au sujet d'éventuels cas de tortures. En effet, plusieurs détenus avaient affirmé avoir fait l'objet de tortures de la part des gardiens de la prison. Sans compter l'irrespect de la direction des plus simples conditions de détention, notamment en ce qui concerne les visites familiales, les sorties quotidiennes et la qualité de la nourriture.

Alertée par l'association Annassir des familles des victimes des détenus dans le cadre de la loi antiterroriste, une commission du CCDH s'était rendue sur place au début du mois de janvier 2005 et a élaboré un rapport, transmis immédiatement au ministère de la Justice. M.Bouzoubaâ avait décidé la mutation du directeur de la prison d'Outeta II dès qu'il a pris connaissance de ces informations, rappelle un communiqué du département de la Justice. Par la suite, une commission composée de quatre hauts responsables du ministère s'est rendue à Outita II pour tirer au clair cette affaire.

Là encore, un rapport complet fut remis à Bouzoubaâ qui ordonna, à fin janvier 2005, au procureur général du Roi près la Cour d'appel de Meknès (dont dépend Sidi Kacem) de soumettre au juge d'instruction le dossier d'Outita II.

"Huit détenus ont été transférés ainsi à la prison de Sidi Saïd à Meknès pour permettre au magistrat chargé de l'instruction de les interroger", affirme Abderrahim Mohtade, président de l'association Annassir. Il s'agit de Hassan Hattab, Driss El Azizi, Abdelhay Bich, Zoubaïr Mountassir, Khalid Souhfi, Souleïmane Meziane, Mustapha Aïat et Touhami Zine. "Ces huit personnes ont identifié les gardiens qui les ont torturées", assure Mohtade. Selon ce dernier, c'est une grève de la faim, observée par environ 200 prisonniers d'Outita II, entre le 10 et le 29 décembre 2004, qui a déclenché l'ire des gardiens. "Pour contraindre les grévistes à rompre leur jeûne, les gardiens, sous la bénédiction du directeur de l'établissement, déshabillaient les détenus et les laissaient plusieurs heures sous la pluie", affirme Mouhtade. Ceci, sans compter les violents coups de triques et les humiliations en tout genre.

Résultat: le juge d'instruction de Meknès a convoqué, dans le cadre de son enquête, six fonctionnaires d'Outita II dont le directeur de l'établissement.
Par ailleurs, au début du mois de février, une expertise médicale avait été ordonnée par le juge d'instruction pour déterminer si véritablement les détenus ont fait l'objet de sévices. "Les médecins qui se sont chargés de cette expertise ne semblaient pas prendre au sérieux le cas des détenus", explique Mohtade. C'est ce qui poussa les huit personnes à observer une nouvelle grève de la faim, de trois jours cette-fois. Par la suite, le juge d'instruction a désigné de nouveaux médecins. "Lundi dernier, la deuxième expertise médicale s'est déroulée dans de bonnes conditions", assure Mohtade. Et le lendemain, c'est-à-dire mardi, les huit détenus sont retournés à Outita II, où les conditions de détention sont nettement meilleures.

Le ministère de la Justice y a installé une quarantaine de téléviseurs. Des "guides des prisonniers" ont été distribués aux détenus, englobant tous les droits dont ils doivent bénéficier. La qualité de la nourriture a été sérieusement améliorée. Trois médecins ont été engagés par la prison. Il s'agit d'un généraliste, un psychologue et un dentiste. Sans oublier un infirmier, qui sera, lui, permanent. Par ailleurs, les détenus ont désormais droit à deux heures de promenade par jour, une heure le matin et une heure le soir. Auparavant, cette promenade ne durait qu'un quart d'heure par jour, avec une interdiction de sortie le samedi et le dimanche. Des couvertures et une douzaine de plaques-chauffantes ont également été distribuées aux prisonniers.

En plus des mesures rapides et efficaces prises par le ministère de la Justice, les familles des détenus se félicitent de l'initiative de M.Bouzoubaâ de prendre en main le dossier Outita II. Ils espèrent que les coupables de tortures seront effectivement poursuivis et que leur sanction servira d'exemple à tous les établissements pénitentiaires du Royaume.

Et pour cause, l'association Annassir n'a cessé de rappeler aux autorités les conditions d'incarcération déplorables des détenus islamistes dans la prison de Salé. "C'est un dossier énorme", souligne Mouhtade.

C'est le cas également de la prison centrale de Kénitra où le détenu Mohamed Benjilali "agonise sous le regard des responsables de la prison". Benjilali est un MRE condamné à 20 ans de réclusion. "Ayant subi, avant sa détention, une opération à cœur ouvert, il risque de succomber à sa maladie à cause du manque flagrant de soins dans la prison", explique le président d'Annassir.

Son cas est similaire à celui de Mohamed Damir qui "souffre atrocement car il a toujours dans son corps du plomb et du fer, des séquelles de son arrestation".

Lire aussi : Outita II. Le Abou Ghraib marocain

Signez l' Appel pour la cessation de la grève de la faim des détenus islamistes


Partager cet article
Repost0
17 février 2006 5 17 /02 /février /2006 00:00
D'après le "Sunday Times" et "Le Soir", qui rapportent ces informations dans leurs éditions des 12 et 13 février derniers, un projet de construction d'une prison secrète de la CIA serait en cours de réalisation au Maroc.

Selon ces deux publications, le Maroc, serait financé par les Etats-Unis pour bâtir "un nouveau centre de détention et d'interrogatoire" à proximité de la ville de Aïn Aouda, près de Rabat. Par ailleurs, d'après le « Soir », la base militaire de Ben Guerir, à 60 km au nord de Marrakech, serait également un centre potentiel de détention de terroristes liés au réseau Al-Qaïda..

Le ministère marocain de l'Intérieur a aussitôt réfuté ces propos comme de "pures allégations dénuées de tout fondement".

Unis contre le terrorisme

Les autorités marocaines qui affirme que la lutte menée par le royaume alaouite contre le terrorisme se fait dans le cadre des impératifs de l'Etat de droit et du respect des droits et libertés des groupes et des individus, en totale harmonie avec les dispositions des instruments internationaux de protection des droits, se réservent le droit d'emprunter toutes les voies de recours pour le rétablissement de la pleine vérité, a précisé la même source.

Ce projet ne devrait pas surprendre. Dès 2003, les Etats-Unis avaient prévu de doubler leur assistance militaire. "Nous allons doubler notre assistance militaire" avec le Maroc, a déclaré le 4 février 2003, le secrétaire d'Etat américain, Colin Powell, à l'issue d'une rencontre avec le roi Mohammed VI à Marrakech, deuxième étape de sa tournée dans le Maghreb. De plus, les Etats-Unis sont, avec la France, l'un des principaux fournisseurs de l'armée marocaine. Les forces armées royales marocaines (FAR), qui bénéficient de l'assistance d'instructeurs US, participent chaque année à des manœuvres terrestres communes avec l'US Army.

La NASA dispose également d'installations sur la base aérienne de Benguerirr (60km à l'ouest de Marrakech).
Depuis les attentats -suicide de Casablanca (45 morts, le 16 mai) "nous nous sommes retrouvés unis dans la tragédie du terrorisme" , a souligné Colin Powell lors d'une conférence de presse sous haute surveillance policière à l'aéroport de Marrakech. "Nous appuyons les initiatives du Maroc pour lutter contre ce mal" , a ajouté le chef de la diplomatie US.
Partager cet article
Repost0
18 mars 2005 5 18 /03 /mars /2005 00:00

Comme à Abou Ghraib, des détenus y ont été battus ou violés par leurs geôliers. Et comme à Abou Ghraib, l’Etat y a sévi après que ces tortures aient été révélées par les médias. Mais comme à Abou Ghraib, s’agit-il (seulement) d’une "fâcheuse exception" ?

Outita II aurait pu rester indéfiniment une prison comme les autres. Avec ses privations, ses horreurs et ses petits monstres. Une prison laide, étanche et hostile… presque banale. Coincée entre rien et une route impraticable, ses hauts murs en béton armé n’étaient connus que des quelques familles de détenus qui, pour quelques minutes avec leurs proches, bravaient la distance, la piste et l’hostilité des lieux.
Puis Outita a violemment pris le devant de la scène. D’un coup et sans crier gare. En quelques semaines, la petite prison agricole du Gharb a accédé au rang de deux grands labels mondiaux : Abou Ghraib et Guantanamo, au point de s’appeler "Guantita". L’histoire de cette prison (construite récemment) a commencé au lendemain du 16 mai. Plusieurs détenus islamistes (400 environ) y seront expédiés pour purger des peines moyennes (entre 6 et 10 ans). Mais ce n’est pas pour autant qu’Outita sortira de l’anonymat. L’attention étant plutôt concentrée sur les prisons de Salé et de Kénitra, où sont détenus les idéologues (Shiouk) de la Salafia. Fin 2004, plus de 150 détenus islamistes à Outita II engagent, d’un coup, une grève de la faim illimitée pour protester contre leurs "conditions inhumaines" de détention. Dans des correspondances privées adressées à leurs familles, les résidents d’Outita décrivent, croquis à l’appui, des méthodes de torture physique ou morale, des cas ou des menaces de viol et d’électrocution. Un véritable scandale humanitaire qui sera vite porté au devant de la scène par une jeune association de familles, Annassir. Les articles de presse se succèdent et Outita sort peu à peu de l’anonymat, au point de faire de l’ombre aux autres centres de détention.
Médiatiquement, Outita II se révèle être "un bon coup". Une prison (un bagne ?) dans une région déserte et hostile, où sont torturés des détenus islamistes, à l’heure même où s’ouvrent les auditions censées clore les dépassements d’un passé peu flatteur. Une photo ensuite, shootée de loin (la seule qui circule jusqu’à présent), matérialise ensuite "la prison de tous les scandales". Un bloc de béton, avec deux tours de surveillance et en arrière plan, une montagne noire et rocheuse. De quoi rappeler le bagne N° 1 du royaume, Tazmamart.
L’affaire grossit naturellement au fil des jours. Les rumeurs se précisent et les témoignages se succèdent. Plus de 300 lettres ont filtré depuis la prison pour atterrir dans les locaux d’Annassir et dans quelques salles de rédaction. Elles permettent plusieurs recoupements: plusieurs détenus racontent comment ils ont été torturés, menacés, humiliés (lire encadré).

Le réveil

La grève de la faim n'est pas suspendue pour autant. Parallèlement, Annassir organise une manifestation aux portes de la prison (largement suivie par les médias) et des négociations sont, enfin, ouvertes et chapeutés par Assia El Ouadie en personne (Fondation Mohamed VI pour la réinsertion des détenus). Elle reconnaît les "bavures" et obtient in fine la suspension de la grève. L’affaire grandissant, le CCDH s’en mêle. Une enquête en bonne et due forme est présentée au ministère de la justice qui suspend immédiatement quelques fonctionnaires à Outita, dont le directeur de l’établissement. Actuellement, une instruction judiciaire est en cours et "de lourdes peines sont attendues si les faits se précisent". Les conditions de détention à Outita se sont également "nettement améliorées" de l’aveu même des détenus. Au point que certains d’entre eux, transférés à Salé ou à Casablanca après l’arrêt de la grève, ne rêvent plus que d’une chose : retourner à Outita.
Les pouvoirs publics marquent donc un point. "En réagissant suite à la polémique qui est née après la grève de la faim, le ministère de la Justice a voulu montrer que les dépassements d’Outita ne sont que des bavures qui seront sanctionnées", analyse un cadre à la direction des prisons.
Des bavures ? "Peut être, mais alors, ce sont des bavures qui ont curieusement tendance à se répéter dans plusieurs autres prisons du pays", s’étonne Abderrahim Mouhtad, coordinateur de l’association Annassir. Correspondances écrites à l’appui (encore), il raconte "la vie insupportable" de centaines de détenus islamistes à Ezzaki (prison de Salé), à la prison centrale de Kénitra, à Fès, Meknès, Chaouen, etc. On parle pêle-mêle "de présence d’agents de la DST dans certaines prisons, de séances de torture quotidienne", etc.

Outita, et après ?
Qu’est ce qui empêche, dans ce cas, la jeune association de redéployer ses banderoles devant ces centres ? "On attend de recouper le maximum d’informations. En attendant, nous assistons les familles pour présenter leurs plaintes au CCDH", répond Mouhtad. Derrière cette déclaration correcte se cachent d’autres éléments, plus complexes. "à Outita, on a laissé traîner les choses, on a poussé les détenus à bout, et ça a explosé. Les choses se sont développées loin des objectifs des caméras. Après coup, il était devenu impérieux de désamorcer la crise", analyse un journaliste spécialiste de la question islamiste qui poursuit, "à Salé ou à Kénitra, les choses sont quand même sous contrôle, de manière à ne jamais provoquer une explosion comme à Outita. En plus, il y a le contact permanent avec les familles, la proximité de centres urbains, etc.". Des sources internes à Kénitra parlent même de… différent idéologique. De l’intérieur de leurs cellules, les idéologues salafistes seraient partagés sur "la légitimité religieuse de la grève de la faim par exemple". Ce qui empêche tout mouvement de protestation de masse, seul capable d’attirer l’attention des médias et de l’opinion publique. Cela reviendrait-il, par conséquent, à accabler l’état pour une stratégie de torture systématique des détenus islamistes ? Non, avait tranché Chawqi Benyoub, membre du CCDH et de l’IER dans une récente interview. L’homme avait cependant interpellé le ministère de la Justice pour assumer ses responsabilités dans la gestion des centres de détention qui relèvent de ses attributions. D’autres Outita II apparaîtront-elles bientôt ? La question reste entière.

______________________________________________________________________________________________

L’horreur. Morceaux choisis*

"En sortant de ma cellule, j’ai salué un collègue à moi que j’ai reconnu dans la cour. Un gardien s’est tout de suite précipité vers moi pour me signifier qu’il était interdit de parler entre détenus … avant de m’accuser d’inciter mon collègue à poursuivre la grève de la faim, ce que j’ai nié. Le directeur est arrivé puis, sans même demander d’explications, a lancé, "thallaw fih"… Ils m’ont alors mis un bandeau sur les yeux, menotté les mains, dévêtu, puis suspendu, la tête en bas, au dessus de la cour où se trouve le terrain de foot. On m’a alors roué de coups tout en m’aspergeant d’eau froide, et parfois d’urine. Cela a duré plus d’une heure. Je ne me rappelle plus très bien, mais j’ai dû perdre connaissance. Quand j’ai repris mes esprits, ils ont défait le nœud, et je suis tombé sur la tête, perdant connaissance à nouveau … Alors que j’étais allongé sur le ventre par terre, (toujours dénudé) plusieurs fonctionnaires me donnaient de petits coups de pieds, comme pour me réveiller. C’est là que l’un deux a commencé à tâter mon postérieur comme on fait avec les moutons de l’Aid El Kebir. Je ne pourrai même pas raconter ce qui arrive à d’autres collègues. Pour un homme, perdre la vie est plus supportable que de perdre sa dignité.

*Extraits d’une lettre rédigée par un détenu à Outita II

Partager cet article
Repost0

Derniers Articles

CoalitionsMaghreb

LE MAROC
Née le 10 octobre 2003, la Coalition Nationale pour l'Abolition de la Peine de mort au Maroc (CNAPM) rassemble aujourd'hui 7 ONG :

L'Observatoire Marocain des Prisons / L' AMDH / Le Forum marocain pour la Vérité et la Justice / L'OMDH / Le Centre pour les Droits des Gens (CDG) / L'association des barreaux d'avocats au Maroc / Amnesty International section marocaine.
LA TUNISIE
a également sa Coalition nationale contre la peine de mort, fondée à Tunis le 14 juin 2007 par 7 ONG de défense des droits de l'Homme et une centaine de personnalités des arts, du spectacle et des lettres.
article

 

 

 

 

 

L'ALGERIE
Le 10 octobre 2009, la LADDH (Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme) crée l'Alliance algérienne contre la peine de mort. Un premier pas vers l'abolition !

 

 _________________________

 

 

Algérie, Tunisie, Maroc.
Qui abolira en premier ?

* L'Algérie est le seul pays arabe à avoir voté pour la résolution en faveur d'un moratoire sur la peine de mort adoptée par l'Assemblée générale des Nations unies le 18 décembre 2007

* La Tunisie. Le président Ben Ali s'était engagé à ne jamais signer l'exécution d'un condamné à mort (interview du Figaro Magazine, nov. 2007). Le gouvernement de transition a annoncé qu'il allait signer le 2ème protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, visant à abolir la peine de mort .

* Le Maroc Le mouvement du 20 février demande l'application des recommandations de l'Instance Equité et Réconciliation comprenant l'abolition de la peine de mort. Le Conseil national des droits de l'Homme (CNDH) mis en place par le roi en mars 2011 devrait agir en ce sens.  

 

________

 

Etat des lieux de la peine de mort au Maroc (vidéo)  http://www.dailymotion.com/video/xl8sln_mustapha-znaidi-au-rassemblement-de-soutien-a-troy-davis-a-paris-21-09-2011_news 

 

TORTURE / Sur les 141 pays au monde accusés par Amnesty International de pratiquer la torture, le Maroc figure parmi les cinq États où la pratique de la torture est la plus systématique.

Hchouma !

 
Top 5 des pays exécuteurs : Chine (2400 exécutions!), Iran, Irak, Arabie saoudite, États-Unis  (2013). 
La Chine, l’Iran et les États-Unis ont constamment figuré sur la liste des 5 pays ayant exécuté le plus grand nombre de prisonniers depuis les six dernières années. La Chine est responsable, et de loin, du plus grand nombre d’exécutions.