Le meurtrier présumé du buraliste de Magny-les-Hameaux va être enfin jugé, aujourd’hui, au Maroc. « A priori. Maintenant, je suis prudent », tempère Marc Villefayot, l’avocat des parties civiles. Prévu en mars dernier, le procès avait été suspendu au moment du délibéré. La cour d’assises de Fès avait estimé que «l’accusé était dans l’incapacité mentale de se défendre ».
Mais un médecin vient de le déclarer apte à comparaître. « On l’espère en tout cas, résume Pierre, le père du buraliste, qui va se déplacer pour la troisième fois au Maroc. C’est difficile à vivre. Tout remonte à la surface à chaque fois. »
Le 9 février 2006, Hubert Garcia-Bardidia disparaît juste après l’heure de fermeture de son bureau de tabac à Magny-les-Hameaux. Alertés par la famille, les gendarmes inspectent l’établissement. Il manque la recette du jour (1 800 €), des tickets de la Française des jeux, des cartes téléphoniques et des cartouches de cigarettes.
Il encourt la peine de mort
Après avoir envisagé une fugue du jeune père de famille, les enquêteurs s’intéressent à Saïd Msyehi, 30 ans. Ce client de Garcia-Bardidia lui devait 500 € et, surtout, il a pris l’avion le lendemain de la disparition du buraliste. Depuis le Maroc, son pays d’origine, Saïd contacte les gendarmes.
D’après le procès-verbal tiré de la conversation téléphonique, « il bégaye, demande si nous avons des nouvelles d’Hubert ». Deux mois plus tard, Saïd est interpellé. Entendu par la police judiciaire de Fès, il passe aux aveux et indique où trouver le corps du malheureux buraliste, dans un bois de Saint-Rémy-lès-Chevreuse.
Il raconte avoir voulu voler Garcia-Bardidia pour pouvoir financer son retour au Maroc où l’attendait sa femme enceinte. Grimé, il fait du stop au passage de Garcia-Bardidia, qui ne le reconnaît pas et s’arrête. Sous la menace d’un couteau, Saïd contraint Hubert à retourner au bureau de tabac, le dépouille et l’emmène en forêt. Là, d’après lui, sa victime se serait jetée sur lui, l’obligeant à « le poignarder » pour se défendre. Une thèse qui fait bondir la famille du buraliste. Saïd Msyehi précisera même l’avoir « égorgé pour l’exterminer ». Jugé pour enlèvement, séquestration et meurtre, il encourt la peine de mort.
Matthieu Suc
(22/10/08, le Parisien)