RABAT (MAP) - Un appel à un moratoire universel sur les exécutions a été lancé par la Coalition mondiale contre la peine de mort, lors d'une conférence de presse, tenue mardi soir à Rabat, à l'occasion de la journée mondiale contre la peine de mort, célébrée le 10 octobre de chaque année.
La Coalition mondiale contre la peine de mort présentera, à cet effet, à l'Assemblée générale des Nations unies une pétition signée par plus de cinq millions de personnes dans le monde appelant à un moratoire sur les exécutions et à l'abolition de la peine capitale.
Compte tenu de ""plusieurs signes encourageants"", le Maroc a été choisi pour lancer cette campagne internationale appelant les Etats à voter pour l'adoption par l'Assemblée générale de l'Onu d'une résolution pour un moratoire universel sur les exécutions de la peine de mort ou à s'abstenir, a indiqué Mme Odile Sidem-Poulain, avocate et ancienne secrétaire générale de la Fédération internationale des Ligues des Droits de l'Homme.
Le Maroc, a-t-elle ajouté, est en mesure de jouer ""un rôle de leader dans la région du Maghreb"" dans ce domaine, car le pays compte plusieurs ONG, qui mènent une action de sensibilisation contre la peine de mort. Des déclarations de certains responsables vont également dans le même sens, a-t-elle dit.
Pour sa part, M. Abderrahim Jamaï, secrétaire général de l'Observatoire marocain des Prisons a rappelé que la peine de mort est toujours en vigueur au Maroc, notant avec satisfaction que la dernière exécution remonte à 1993 et ce malgré le fait que jusqu'à la fin de 2006 l'on comptait 129 condamnés à mort dont quatre femmes.
C'est pourquoi, a-t-il dit, il est nécessaire pour la Coalition marocaine contre la peine de mort de poursuivre le combat pour l'abolition de la peine de mort et la révision dans ce sens du code pénal marocain.
Le même appel a été lancé par Mme Amina Bouayache, vice-présidente de la Fédération internationale des Ligues des droits de l'Homme et Présidente de l'Organisation marocaine des droits de l'Homme, selon laquelle la peine de mort est en contradiction avec la dignité et la liberté de l'être humain. C'est pourquoi, a-t-elle dit, il ne faut pas confondre justice et vengeance que représente la peine de mort et ce dans le but de préserver les droits des citoyens.
Elle a appelé aussi les pays arabes à placer le respect des droits humains au centre de leurs préoccupations et à se prononcer en faveur de l'abolition de la peine de mort, car il s'agit d'une peine inutile qui n'a jamais réussi à protéger la société de ses éléments les plus dangereux et à les dissuader de commettre des crimes.
De leur côté, MM. Abdelilah Benabdesslam, Coordinateur de la Coalition marocaine contre la peine de mort et Ali Al Dailami, Coordinateur de la Coalition arabe contre la peine de mort et de la Coalition yéménite contre la peine de mort ont rappelé les difficultés auxquelles sont confrontés les abolitionnistes de la peine de mort dans les pays arabes.
Pour sa part, Mme Antoinette Chahine, ancienne condamnée à mort au Liban a livré un témoignage sur ses journées interminables dans le couloir de la mort, notant que son exécution par erreur a été évitée de justesse.
A ce jour, 131 pays ont aboli la peine capitale ou ont renoncé à l'appliquer.
Selon la Coalition mondiale contre la peine de mort, 1591 prisonniers ont été exécutés l'année dernière en particulier en Chine, aux Etats unis, en Iran, en Irak et au Pakistan.
Après cette rencontre de Rabat, organisée en collaboration avec la Coalition marocaine contre la peine de mort, quatre autres conférences de presse sont prévues durant le mois d'octobre à Porto Rico, Kinshasa, Lisbonne et New York pour inviter les pays à voter en faveur de la résolution qui sera soumise à la 62-ème Assemblée générale de l'ONU.