Dix détenus de la centrale de Clairvaux (Aube), tous condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité ont écrit à l'AFP pour en appeler "au rétablissement effectif de la peine de mort" pour eux-mêmes.
"Assez d'hypocrisie! Dès lors qu'on nous voue en réalité à une perpétuité réelle, sans aucune perspective effective de libération à l'issue de notre peine de sûreté, nous préférons encore en finir une bonne fois pour toute que de nous voir crever à petit feu, sans espoir d'aucun lendemain après bien plus de 20 années de misères absolues", soulignent-ils.
"Nous, les emmurés vivants à perpétuité du centre pénitentiaire le plus sécuritaire de France (...), nous en appelons au rétablissement effectif de la peine de mort pour nous", poursuivent les détenus.
La lettre - datée du 16 janvier - a été signée par dix hommes qui précisent le temps qu'ils ont passé en prison, de 6 à 28 années: Abdelhamid Hakkar, André Gennera, Bernard Lasselin, Patrick Perrochon, Milivoj Miloslavjevic, Daniel Aerts, Farid Tahir, Christian Rivière, Jean-Marie Dubois et Tadeusz Tutkaj.
"A quoi servent les peines de sûreté qu'on nous inflige quand une fois leur durée dûment purgée on n'a aucun espoir de recouvrer la liberté? (...) Combien d'entre nous - du moins pour ceux qui ne sont pas décédés depuis - ont déjà purgé plusieurs années au-delà même de leur peine de sûreté de 18 ans sans se voir présenter à ce jour une réelle perspective de libération?", s'interrogent-ils.
"Après de telles durées de prison, tout rescapé ne peut que sortir au mieux sénile et totalement brisé. En pareil cas, qui peut vraiment se réinsérer socialement? En fait, pour toute alternative, comme avant 1981, ne nous reste-il pas mieux à trouver plus rapidement dans la mort notre liberté?", ajoutent les dix signataires.
La centrale de Clairvaux, qui accueille environ 170 détenus qui purgent de longues peines, est l'une des prisons au régime carcéral le plus sévère en France.
Peu après la décision de revenir à la stricte obligation de fermeture des portes des cellules en journée, une mutinerie avait éclaté le 16 avril 2003. Un gardien avait été pris en otage et menacé d'un cutter, une dizaine de surveillants pris à partie et quelque 80 détenus avaient incendié des ateliers.
Interrogée par l'AFP, la direction de l'établissement a indiqué qu'elle ignorait par quel biais cette lettre était sortie de la prison.
_____________________________________________________
PDMM :
Il existe en effet une autre forme de peine de mort en France. Les refus répétés par exemple de grâces médicales à l'encontre des prisonniers d'Action Directe illustre cette vengeance d'Etat.
Les prisonniers d’Action directe entament en effet leur vingtième année de détention. Incarcérés depuis le 26 février 1987, ils ont terminé leur peine de sûreté (de 18 ans) depuis un an. Juridiquement, rien n’empêche leur remise en liberté. Ils ont donc fait des demandes de libération conditionnelle. A ce jour, toutes ces demandes ont été rejetées.
Site Ne Laissons Pas Faire : http://nlpf.samizdat.net